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Renoncement aux néonicotinoïdes : un signe de décroissance qui va au-delà de la filière betteravière.

Jusqu’au 23 janvier 2023, l’application des néonicotinoïdes, appliqués uniquement sur les semences et non pas pulvérisés en culture, permettait aux betteraviers de lutter efficacement contre un puceron qui provoque la jaunisse de la betterave et entraîne des pertes de rendement de 30% en moyenne, pouvant s’élever à 60%. Depuis, leur emploi est interdit en France.

Ce qui est révoltant dans cette décision, ce n’est pas tant la suppression de l’emploi de ces molécules rémanentes qui étaient à remplacer pour perpétuer dans nos plaines perdrix et autres insectivores, que l’absence irresponsable d’anticipation et de réactivité à ce niveau qui précarise la filière betteravière ainsi que les conditions dans lesquelles ce renoncement est effectif à cinq ou six semaines des semis et les conséquences sociétales qui en découleront d’ici quelques mois.

ContinentsProduction in mt% mondial
Afrique14 3045%
Amériques20 2267%
Asie41 50715%
Europe194 46070%
Divers8 3853%
Production 2019 de betterave sucrière par continent source : FAO


La découverte rapide et la production massive de vaccins anti-Covid en Occident a été réalisée en 2020 et 2021 grâce à des alliances établies entre équipes de chercheurs, entreprises industrielles et États. Qu’a fait sur la même période l’Union Européenne premier producteur mondial de betterave sucrière, qu’a fait la France premier producteur européen de cette espèce face à la nécessité de substituer d’autres solutions techniques aux néonicotinoïdes? Pas grand-chose et rien de concerté.

Quelques scientifiques se sont certes intéressés à la question. Les alternatives aux néonicotinoïdes qu’ils suggèrent aujourd’hui (rotation accrue des cultures, paillage, semis de plantes compagnes, produits issus du biocontrôle, éventuellement application de flonicamid en végétation, etc.) étant fréquemment complexes à mettre en œuvre et moins efficaces, la sole betteravière française va chuter et les pertes de production, accompagnées de baisses des revenus, seront dès 2023 implacables pour les planteurs. Ceux qui en Europe continueront de cultiver des betteraves leur appliqueront 3 à 5 fois par an des phytosanitaires modérément opérants en végétation en lieu et place d’un traitement unique enfoui – les vrais écologistes qui savent que la betterave n’attire pas les abeilles et autres pollinisateurs apprécieront ! Des sucreries seront fermées, des emplois perdus.

Plus globalement, à l’instar de notre ministre de l’Agriculture, Marc Fresneau, nos politiques vont continuer de nous délivrer régulièrement des discours lénifiants sur la protection de l’environnement, la lutte contre le changement climatique et nous prôner simultanément l’indépendance alimentaire, alors qu’ils laisseront importer au sein de l’Union Européenne du sucre de canne ou de betterave produit sur d’autres continents autorisant encore les néonicotinoïdes, tout en se contrefichant du bilan carbone désastreux qui en découlera et du recul immédiat de notre balance commerciale. Comme il le fait déjà avec l’énergie, le consommateur payera son sucre au prix fort.

Beaucoup minimiseront cette décision impactant apparemment la seule filière betteravière, d’autant que les nutritionnistes recommandent une réduction de la consommation de sucre dans notre alimentation pour éviter surpoids, obésité, diabète de type 2 et autres pathologies. Il reste que toute disposition de ce type résultant d’un manque d’anticipation et de courage politique conduit notre société à la décroissance, nous affaiblit au niveau technique, nous émousse au niveau des rapports de force internationaux et nous appauvrit.

La pauvreté risquant de conduire à l’autocratie, prenons la mesure de ce signal faible et anticipons les solutions nécessaires à la pérennité de toutes nos filières.

Alain Bonjean, 124e article
Orcines, le 1er février 2023

Mots-clefs : betterave sucrière, néonicotinoïdes, puceron, jaunisse, décision politique, Union Européenne, signal faible, décroissance

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