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Le souci, grand ami de la peau

Lorsque j’entends le nom de cette Astéracée qu’est le souci (Calendula officinalis L,. 1753), je repense aux jardins clermontois de mes grands-parents qui en contenaient toujours des plants dans leurs bordures ainsi que des giroflées et des agératums. Leur parfum musqué entêtant, modérément agréable, qui attire beaucoup les abeilles et d’autres pollinisateurs me revient aussitôt en tête. Le fait aussi que mes deux grands-mères les appelaient de noms différents m’a marqué : souci, souci des jardins, souci officinal, souci des vignes pour ma grand-mère maternelle Marie-Antoinette Finaud (1902-1993) qui était née à Chabreloche dans les monts du Forez du Puy-de-Dôme ; calendule, fleur de tous les mois, gauc, safran du pauvre, pour ma grand-mère paternelle Marcelle Marmeisse (1901-1986) native de Langeac en Haute-Loire (albanais : kalendula mjekësore ; allemand : Garten-Ringelblume, Goldröserl ; anglais : garden marigold, en-and-chikens ; marigold, Mary’s gold, pot marigold, ruddles, Scotch marigold ; basque : aigneru lorea, ebaqui-belarra, ilen kultibatu, ilena, illen ; catalan : boixac de jardi, boixac ver, calèndula, flor de mort, gauja ; croate : ljekoviti neven ; danois : havemorgenfrue ; espagnol : boton de oro, caldo corona de rey, caléndula, maravilla de jardin, marquesita, mercadela ; hollandais : goudsbloem, tuingoudsbloem ; hongrois : orvosi körömvirág ; italien : calendula, fiorancio cultivato ; polonais : nagietek lekarski ; portugais : belas-noites, boas-noites, calendula-hortense, erva-vaqueira ; roumain : filimică, gălbenele ; russe : календулалекарственная, ноготкилекарственные ; suédois : ringblomma ; tchèque :měsíček lékařský ; turc : aybisafa ; ukrainien : нагідкилікарські).
Le nom du genre Calendula tire son origine du mot latin calendae, probablement parce que les soucis fleurissent en début des mois de l’année. La dénomination anglaise marigold provient du vieux saxon ymbglidegold qui signifie « elle tourne avec le soleil » et fait référence à la Vierge Marie. Le mot souci dérive du bas latin solsequia, signifiant « qui suit le soleil », qui a évolué en solsie, soucy puis souci1.

Détails d’un capitule en début de floraison – source CC wikipedia.

C’est une plante de lumière vivace de courte vie, parfois cultivée comme annuelle (2n = 4x =28 ou 32)2. Elle mesure 5 à 50 cm de haut, rarement plus. Les tiges sont rameuses, anguleuses et velues. Les rameaux sont couchés ou dressés. Les feuilles alternes, sessiles, oblongues et spatulées embrassent très légèrement la tige. L’inflorescence est un racème de capitules terminaux de 3-7 cm de diamètre, jaunes safranés à jaunes orangés. Chaque capitule floral est muni à sa base d’un involucre de deux rangs de bractées sensiblement égales entre elles, velues et verdâtres. À sa face supérieure, plane, il porte des fleurs à corolle gamopétale, tubulées au centre et ligulées en bordure. L’espèce est hermaphrodite avec une pollinisation à la fois autogame et entomogame. Les fruits sont des akènes de trois types différents suivant leur position sur le capitule : ceux du cercle externe sont épineux sur la face dorsale et recourbés en arc ; ils simulent des chenilles par leur forme et leur couleur verte à l’état jeune et, une fois secs, leurs aspérités leur permettent de s’accrocher aux toisons des animaux. Ceux du centre , en ballonnet, peuvent être disséminés par le vent. Les plus internes sont lisses, enroulés en anneaux ; tombés sur le sol, ils germent sur place

Détail d’un capitule à maturité – source : CC Wikipedia

Le souci paraît indigène de Macaronésie, des régions sud, centrale et est de l’Europe et au Proche-Moyen Orient jusqu’en Iran. Depuis l’Antiquité, Grecs, Romains, Perses, Arabes l’ont utilisé dans leurs préparations culinaires, tinctoriales et médicinales. Il semble que le souci ait été cultivé dans les jardins européens dès le XIIe siècle à partir de graines provenant d’Egypte tant comme pesticide pour tuer les insectes et comme simple médicinale3. La moniale Hildegarde de Bingen (1098-1179) préconisait une pommade à base de souci pour soigner le cuir chevelu. Albert le Grand (c. 1193-1280) a recommandé le souci pour faciliter la cicatrisation et traiter les piqures d’insectes, voire de serpents. Au XIXe siècle, les Eclectiques, médecins américains alternatifs4, apaisaient les brûlures et les lésions cutanées avec des onguents à base de souci.

En cuisine, les jeunes pousses de souci, légèrement amères, peuvent être incorporées en petites quantités dans des salades, des soupes et les boutons s’emploient comme des câpres. Les pétales servent à colorer et aromatiser beurre, fromages, sauces et pâtisseries ou à confectionner des boisons épicées ou des tisanes.

En sus de ses utilisations alimentaires, le souci est employé comme teinture pour laines et tissus, et comme base de produits et d’huiles cosmétiques.

Variétés ornementales de souci – source : http://dusentieraupotager.fr/

Au niveau ornemental, il existe depuis les années 1920 diverses variétés à pétales simples ou doubles dans divers coloris et parfois bicolores5.

Au niveau phytochimique, les pétales et le pollen de C. officinalis contiennent des esters triterpénoïdes, des saponines et des caroténoïdes, telles la flavoxanthine et l’auroxanthine qui sont des antioxydants et la source de leur coloration jaune-orangé. La récolte des capitules6 a été mécanisée pour en faciliter l’exploitation.

Les tiges et les feuilles renferment d’autres caroténoïdes, principalement de la lutéine (80%), de la zéaxanthine (5%) et du bêta-carotène. La plante est aussi source d’huile essentielle7. Le souci en suspension ou en teinture continue d’être utilisé par voie topique pour traiter l’acné, réduire les inflammation de la peau, contrôler le saignement et apaiser les tissus irrités. Des études pharmacologiques récentes8 confirment que les extraits de souci ont des propriétés in vitro antivirales, antibactériennes, antifongiques, anti-génotoxiques et anti-inflammatoires.

Alain Bonjean, 128e article
Orcines, le 10 février 2023

Mots-clefs : souci, Calendula officinalis, Astéracée, plante ornementale, plante médicinale, mécanisation de la récolte, huile essentielle, saponines, antioxydants, soins de la peau

1 – F . Couplan (2012). Les plantes et leurs noms. Histoires insolites. Ed. Quae, 198.

2Artificial Chromosome Doubling in Allotetraploid Calendula officinalis | Semantic Scholar

3 – F. Stary (1991). The natural guide to medicinal herbs and plants. Aventinum, Prague; S. Zaman (2003). Medicinal plants. QoQnus pub. Tehran, Iran, 45-90.

4La médecine éclectique, entre l’expérience et la raison (edimark.fr)

5Breeding aspects of Calendula officinalis L. | Request PDF (researchgate.net)

6 – B. Veselinov et al. (2014). Mechanized harvesting and primary processing of Calendula officinalis. Spanish Journal of Agricultural Research 12, 2, 329-337.

7 – I. Ourabia et al. (2019). Determination of essential oil composition, phenolioc content, and antioxidant, antibacterial and antifungal activities of marigold (Calendula officinalis L.) cultivated in Algeria. Carpathian Journal of Food Science and technology CJFST11(2)2019_8.pdf (ubm.ro)

8 – E. Jimenez-Medina, et al. (20006). A new extract of the plant Calendula officinalis produces a dual in vitro effect. BMC Cancer 5, 6, 119, A new extract of the plant Calendula officinalis produces a dual in vitro effect: cytotoxic anti-tumor activity and lymphocyte activation – PubMed (nih.gov) ; E. Efstratiou et al. (2012). Antimicrobial activity of Calendula officinalis petal extracts against fungi, as well as Gram-negative and Gram-positive clinical pathogens. Complement Ther. Clin. Pract. 18, 3, 173-176; (PDF) Therapeutic Potential of Calendula officinalis (researchgate.net) ; K.A. Khalid; J.A. Teixera da Silva (2012). Biology of Calendula officinalis Linn. : Focus on Pharmacology, Biological Activities and Agronomic Practices. Medicinal and Aromatic Plant Science and Biotechnology 6,1, 12-27; (PDF) Calendula Officinalis-An Important Medicinal Plant with Potential Biological Properties (researchgate.net) ; V.D. Ashwlayan et al. (2018). Therapeutic potential of Calendula officinalis. Med Crave Ph. & Pharmacol. Int. J. 6, 2, 48-155.

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One Reply to “Le souci, grand ami de la peau”

  1. Merci, une fois de plus, pour votre article qui m’a rappelé le jardin de mon beau-père . Chaque année, au bord de la mer, près de Brest, il plantait , dans son potager, soucis et œillets d’Inde pour éloigner insectes et nématodes de ses légumes . agréable week-end cordialement Sylvie

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