Printanière primevère officinale

Tous les printemps comme son nom latin l’indique la primevère officinale (Primula veris L., 1753) embellit de ses fleurs jaunes nos prairies permanentes à peine sorties de l’hiver ainsi que nos talus et bois clairs. Cette Primulacée1 par excellence porte également bien d’autres noms en français selon les régions de l’Hexagone : brérelle, coqueluchon, coucou, herbe à la paralysie, herbe de saint Paul, herbe de saint Pierre, primerolle, primevère de printemps, primevère printanière, primevère vraie et même printanière (allemand : ArzneiSchusselblume, Echte Schusselblume, Fruhlings-Schusselblume, Wiesen-Schusselblume ; anglais : cowslip, cowslip primrose, Mayflower, paigle ; catalan : primavera ; espagnol : hierba de san José, primavera ; hollandais : Echte Sleutelbloem, Gulden Sleutelbloem).


Jeune plante, Orcines, Puy-de-Dôme, mars 2024 ®ABonjean ; Individu en floraison, Cuxac-Cabardès, Aude, mai, 2022, ®TelaBotanica-A.Bigou

La primevère officinale2 est une herbacée hémicrophyte3 vivace (2n = 2 x= 22 ; génome de 479 Mb4). Le rhizome est court, trapu, ascendant, ceinturé à l’apex avec des écailles plus ou moins charnues formées par les bases des feuilles fanées, garnies de nombreuses racines fibreuses. Les feuilles ovales à lancéolées, plissées, irrégulièrement dentées, avec un dessous duveteux, de 5-15, rarement 20 cm de long et 2-6-8 cm de large forment une rosette basale. La plante fleurit de fin mars à mai et attire divers insectes, dont des abeilles, des coléoptères et des papillons. Les tiges à fleurs nues et dressées apparaissent de fin mars à mai au-dessus du feuillage pour atteindre une hauteur de 5-25 cm, chaque tige étant surmontée d’une à deux ombelles de 1-30 petites fleurs hermaphrodites jaunes, rarement blanches crèmes, rouges à orangées, en entonnoir, tombantes toutes penchées d’un même côté, odorantes, larges de 9-15 mm chacune. Étamines avec des anthères de 2 mm de long, insérées à l’apex de la corolle-tube dans les fleurs aux yeux de travers, au milieu du tube dans les fleurs aux yeux de pin. Long style égalant le tube de la corolle, court style moitié plus long. Les graines (1,0 à 1,5 mm de diamètre) mûrissent en juillet-août et ont une dispersion limitée à quelques centimètres des plantes maternelles, tandis que le flux de pollen est plus large, mais toujours limité à quelques mètres des plantes parentales.
Cette espèce est assez intolérante à l’ombre où elle se développe mal et, par contre, assez tolérante à la sécheresse du fait de son système racinaire rhizomateux.


Détails de la floraison, Orcines, Puy-de-Dôme, mars 2024 ®ABonjean ; graines, Rosny-sur-Seine, Yvelines, septembre 2022 ®TelaBotanica-DRenaud


Aire de distribution dans l’hémisphère nord ®RoyalKewGarden


C’est une espèce avant tout eurasiatique. La primevère officinale est une espèce très variable. La plupart des botanistes en distinguent 4 sous-espèces à partir de petites différences morphologiques ;
Primula veris subsp. veris, sans la majeure partie de l’aire de répartition européenne de l’espèce, à l’exception des montagnes d’Europe centrale et méridionale, de la Turquie, du Caucase et de l’Asie centrale du Sud.
Primula veris subsp. canescens des basses terres d’Europe centrale, s’étendant aux Alpes, aux Pyrénées et aux montagnes du nord de l’Espagne.
Primula veris subsp. columnae des montagnes du centre de l’Espagne, du centre de l’Italie, du nord de la Grèce et du nord-est de la Turquie.
Primula veris subsp. macrocalyx de la Russie du Sud-Est (Crimée), du Caucase et de l’Asie centrale du Sud, s’étendant jusqu’à la Sibérie orientale.

La primevère officinale est une plante sauvage comestiblesoit crue (feuilles légèrement anisées un peu piquantes, fleurs) en salades, soit cuites en soupes ou accompagnement, soit frites. Elle sert aussi à fabriquer des infusions ou à aromatiser huiles, vins et vinaigres.


Rhizome et racines adventives ®ENSLyon-DBusti

C’est une plante médicinale bien connue dont existent plusieurs cultigènes depuis des siècles. Ses rhizomes et ses racines, qui constituent une matière première pharmaceutique (Radix Primulae), sont composés de saponines triterpéniques hautement concentrées (5 à 10 %), principalement de prymulasaponine A, de prymulasaponine B et de glycosides phénoliques. En décoction (30 g de rhizomes et racines séchées, 3 tasses par jour), elle est antispasmodique5, antivirale, bactériostatique, diurétique, expectorante et pectorale.
Les fleurs sont également utilisées comme expectorant, léger sédatif. En tisane (1 cuillérée à soupe de fleurs séchées, 3 tasses par jour), la primevère officinale calme aussi les migraines, les vertiges, l’anxiété et les insomnies.Leur extrait hydroalcoolique est antibactérien et antimitotique. En crèmes, elles soignent les crevasses, les gerçures et les piqûres d’insectes.

Au niveau ornemental, certaines primevères officinales ont été sélectionnées notamment au Royaume-Uni ainsi que des hybrides notamment avec P. elatior, P. juliae, et P. vulgaris. Ces cultigènes fréquemment colorés ne sont toutefois pas recommandés au niveau médicinal.



Alain Bonjean, 172e article
Orcine, le 20 mai 2024

Mots-clefs : Primevère officinale, Primula veris, Primulacée, sous-espèces, eurasiatique, plante sauvage, plante médicinale, plante ornementale, cultigènes.

1 – Le genre Primula comprend près de 500 espèces organisées en30 sections, dont environ 75% proviennent de l’Himalaya et de l’ouest de la Chine (Yunnan surtout), constituant le centre de diversité principal. D’autres existent dans le Caucase, dans les Carpathes, les Alpes et les Pyrénées et aussi en Amérique du Nord. Ce sont des plantes de biomes humides et tempérés de l’hémisphère nord. IL en existed es extensions en Amérique du Sud, Ethiopie et dans les îles de Java et de Sumatra.

2Primula veris L., 1753 – Primevere vraie, Coucou, Primevere officinale, Brerelle-Présentation (mnhn.fr), La primevère : une des premières fleurs du printemps — Département de Biologie (ens-lyon.fr) ; Primula veris – synthese – eFlore – Tela Botanica (tela-botanica.org)

3 – Plantes vivace dont les apex persistent durant la mauvaise saison au niveau du sol.

4 – M.D. Novak et al. (2015). The draft genome of Primula veris yields insights into the molecular basis of heterostyly. Genome Biology16:12, DOI 10.1186/s13059-014-0567-z

5 –  Son efficacité contre les rhumatismes et les spasmes expliquent qu’elle a reçu autrefois le nom d’Herbe de la paralysie

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