L’amélanchier du Canada, une exquise révélation.

Une récente visite au Québec m’a donné la chance d’observer l’amélanchier1 du Canada (Amelanchier2 canadensis (L.) Medik, 1793 ; syn. Mespilus canadensis L., 1753), cousin de l’amélanchier ovale3 de l’Hexagone. en fruits et de pouvoir déguster ses piridions sucrés et très finement acidulés, au goût délicieux entre la cerise, la myrtille et la pomme qui sont localement appelés « petites poires ». Les populations anglophones d’Amérique du Nord le nomment Juneberry, sarvice, saskatoonberry, shadblow serviceberry, shadblow, shadbush, sugar plum, thicket serviceberry, wild currant4. Comme beaucoup d’autres fruitiers, ce petit arbre appartient à la grande famille des Rosacées.


Exemplaire d’environ 10 ans, route des Patriotes, Québec, juillet 2023 ©AlainBonjean

Ce petit arbre caduc, rustique et vigoureux, peu exigeant sur la nature des sols et très résistant au froid (-30°C), atteint 4-8 m de hauteur à maturité en développent un ou plusieurs troncs. Son écorce est lisse, gris cendré avec des rayures sombres quand il est jeune, devenant plus tard rugueuse avec de longues fentes et sillons. Les feuilles sont alternes, simples, ovales à ovales-oblongues, longues de 1 à 5,5 cm et larges de 1,8 à 2,8 cm avec un sommet arrondi à subaigu; duveteuses, elles présentent une marge dentelée. L’amélanchier du Canada a la particularité d’émettre des fleurs et des fruits très jeunes, dès 30-40 cm de haut.


Floraison ©MissouriBotanicalGarden ; Fruits ©AlainBonjean


A peine le feuillage sorti, sa floraison en grappes lâches, abondante et très décorative, lui confère un intérêt ornemental indéniable : elle a lieu en avril sous forme de fleurs blanches à 5 pétales en forme de langues de 7-11 mm de long et 2-4 mm de large, engainées dans un calice rose, assez grandes, à 20 étamines. L’espèce essentiellement autofertile est toutefois pollinisée par les abeilles et d’autres insectes. Les fruits à long pédoncule murissent en juillet dans son aire de répartition spontanée : ce sont des piridions comestibles de la taille d’un pois, de couleur pourpre foncé à noir à maturité dès juillet, contenant quelques petites graines en leur centre. Ils attirent beaucoup les oiseaux et autres animaux.


Aire native de distribution ©PlantDatabase

Cet amélanchier est originaire de l’est de l’Amérique du Nord5au Canada, de Terre-Neuve vers l’ouest jusqu’au sud de l’Ontario, et aux États-Unis, du Maine vers le sud jusqu’en Alabama. Il est largement limité aux sites humides, en particulier sur la plaine côtière de l’Atlantique, poussant à des altitudes allant du niveau de la mer jusqu’à 200 m.

En matière alimentaire6, cet arbre peut produire 7 à 15 tommes de fruits par hectare – la commercialisation des fruits, aujourd’hui marginale, gagnerait à être développée. Ces derniers peuvent être consommés à la main, utilisés dans les tartes, les clafoutis, les confitures7, les gelées, en vins, vinaigres, liqueurs, sirops, crèmes glacées, conserves, séchés et utilisés comme des raisins secs, etc. Ils sont riches en vitamines, antioxydants, en fer, manganèse, magnésium, potassium et cuivre.

Au niveau ornemental, en sus de sa floraison printanière, le feuillage de l’amélanchier du Canada se teinte à l’automne de rouge orangé, de jaune cuivré à pourpre en un spectacle multicolore très esthétique. Cet arbre est aussi utile pour faire d’excellentes haies brise-vent. Quelquefois, on en fait des bonsaïs. L’espèce peut aussi être employée comme porte-greffe nanifiant pour les pommiers et les poiriers8.

Le bois solide l’amélanchier du Canada est utile pour fabriquer des manches d’outils, voire de cannes à pêche.

Outre ses atouts précités, l’amélanchier du Canada s’avère être une plante médicinale traditionnelle9. La base PlantUse, faisant référence à des pratiques amérindiennes, indique qu’« un thé à base d’écorce de racine (mélangé à d’autres herbes non spécifiées) a été utilisé comme tonique dans le traitement des saignements menstruels excessifs et également pour traiter la diarrhée. Un bain de thé d’écorce a été employé sur les enfants atteints de vers. Une infusion de la racine était prise pour prévenir les fausses couches après une blessure. Un mélange composé de l’écorce interne fut utilisé comme astringent et désinfectant ».

Cet article est dédié à mon ami Pierre Bourque qui m’a fait découvrir ce fruit savoureux.

Alain Bonjean, 147e article
Orcines, le 21 septembre 2023

Mots-clefs : Amélanchier du Canada, Amelanchier canadensis, Rosacée, Amérique du Nord, arbre à feuilles caduque, arbre fruitier, arbre ornemental, plante médicinale, bois, porte-greffe

1 – Le nom « amélanchier » dériverait du provençal amélanquier lui-même provenant du gaulois aball-inca signifiant petite pomme.

2 – Ce genre comprend selon les auteurs 6-20 espèces d’arbustes et petits arbres à feuilles caduques des biomes tempérés de l’hémisphère nord. Le concept d’espèce et la taxinomie du genre Amelanchier (Rosacées) (tandfonline.com) ; Amelanchier Medik. | Plants of the World Online | Kew Science

3 – L’amélanchier ovale (Amelanchier ovalis Medik, 1789) est natif d’Europe méridionale et centrale, d’Asie de l’ouest et d’Afrique septentrionale. Ses fruits sont également comestibles et très doux.

4Canadian serviceberry (Amelanchier canadensis) Plant Guide (usda.gov)

5Amelanchier canadensis (L.) Medik. | Plants of the World Online | Kew Science

6Amelanchier canadensis Juneberry, Canadian serviceberry, Serviceberry Downy, Shadblow, Shadbush, Serviceberry PFAF Plant Database ; Canadian serviceberry (Amelanchier canadensis) Plant Guide (usda.gov)

7 – Les fruits contiennent 1,2 à 1,8% de pectine, ce qui contribue à la gélification des confitures.

8Amelanchier canadensis (Juneberry) – Practical Plants

9 – Ibid 6.

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