Retrouvailles avec le pommier microcarpe de Sibérie.

Lors de mon voyage estival au Québec, j’ai eu la chance de croiser quelques jeunes exemplaires ornementaux du pommier microcarpe de Sibérie, (Malus baccata (L.) Borkh., 1803), ou pommetier de Sibérie colonnaire, pommier à baies (allemand : Beerenapfel, Beerenapfel,baum, kirschapfelbaum, sibirischer Wildadpfel ; anglais : Chinese crab apple, Manchurian crab apple, Siberian crab, Siberian crap apple ; coréen : ya gwang na mu ; dzongka (Bhoutan) : khuomang shing ; hindou : ban mehal, gwalam, janglki seb, patol ; hollandais ; kersappleboom ; hongrois : bogyos diszalma ; italien ; melo di Siberia ; mandarin : shan jaing zi ; polonais : jablon jagodawa) que je n’avais pas eu la chance de pouvoir photographier dans son aire naturelle à l’époque de l’ex-URSS – il est vrai qu’à l’heure des Soviets et de l’argentique je n’avais pas de discret téléphone portable à ma disposition. J’en ai revu très récemment des formes natives très trapues dans les forêts à feuilles caduques du Royaume du Bhoutan.


Exemplaire d’ornement – Saut du Loup, Québec, Canada, juin 2023 ©AlainBonjean

Cette espèce est originaire1 des forêts mixtes des collines de Russie centrale et orientale, du Kazakhstan, de la république de Mongolie, de la république populaire de Chine, de Corée, du Pakistan principalement entre le niveau de la mer et 1500 m d’altitude et de régions himalayennes d’Inde, du Myanmar, du Népal et du Bhoutan entre1800 et 3000 m. A notre époque, on la trouve également introduite au Japon, en Russie européenne, en Europe2, dans le centre et l’est des USA, dans le centre et l’est du Canada.

C’est un petit arbre élégant et rustique aux branches souvent arquées qui atteint 10-14 m dans des conditions favorables et seulement 3 à 5 m de haut dans l’Himalaya. Les botanistes orientaux en dénombrent 7 sous-espèces qui ne sont peut-être que des morphotypes adaptatifs : baccata, daochegensis, gracilis, himalaica, jinxianensis, mandshurica, xiaojinensis. Il est diploïde (2n = 2x = 34). Très tolérant au gel (-34°C), il croît sur tous les types de sol tout en préférant ceux neutres et basiques, qui sont bien drainés et humides. Il se développe aussi bien en plein soleil qu’à la mi-ombre et a la réputation d’attirer les animaux.

Feuilles et fleurs de Malus baccata, jardin des plantes, Paris ©KewGarden


Sa frondaison est ronde, équilibrée. Les feuilles3 elliptiques ou ovales à marge faiblement dentelée, glabres à peu velues lorsqu’elles sont jeunes, de 3-8×2-3,5 cm de long, possèdent de long pétioles de 2-5 cm de long. De ton vert sombre, elles virent au jaune à l’automne. La floraison abondante intervient fin avril à mai en France.

Malus bacatta sauvage, Pékin, Chine ; Malus baccata « Pendula », Hampton, Royaume-Uni ©KewGarden

Les fleurs hermaphrodites odorantes, de 3 à 3,5 cm de diamètre, ont 5 pétales blancs à rarement rosâtres et 15-50 étamines. Elles sont regroupées par 4 à 6 en corymbe. Les fruits apparaissent en septembre-octobre. De la taille d’une petite cerise (10-12 mm), ils sont sublobuleux, rouge vif à jaune, contiennent 3-5 pépins et peuvent rester sur l’arbre jusqu’en début d’hiver. Il sont comestibles frais ou séchés et riches en fibres et en composés phénoliques à haut potentiel antioxydant4 utilisés par les médecines traidionnelles asiatiques mais la consommation de leurs pépins qui renferment d’assez grandes quantités d’acide cyanhydrique est déconseillée.

L’espèce est une bonne pollinisatrice de tous les pommiers car sa floraison est fournie et longue.

Il existe une sélection de pommier microcarpe de Sibérie ornemental dont un des premiers objectifs est de varier la couleur et la taille de fleurs5.

Malgré la petite taille de ses fruits, le pommier de Sibérie très résistant au froid et aux ravageurs est utilisé dans les programmes de création variétale de pommiers domestiques pour sa tolérance notamment à la tavelure du pommier et également comme porte-greffe. Apparenté à Malus siesversii, principal ancêtre sauvage du pommier domestique, il présente également un intérêt dans le cadre de programme de rétrocroisement.

En Chine et au Japon, la sous-espèce mandshurica est traditionnellement utilisée pour créer des bonsaïs.

Alain Bonjean, 154e article
Orcines, le 1er décembre 2023

Mots-clefs : pommier microcarpe de Sibérie, Malus baccata, Rosacée, arbre ornemental, porte-greffe, bonsaï, création variétale du pommier domestique, antioxydants, fibres

1Malus baccata (L.) Borkh. | Plants of the World Online | Kew Science

2 – Introduction européenne en 1734.

3 – Au Bhoutan, les feuilles séchées servent à fabriquer une tisane locale du nom de « shingjia ».

4 – N. Petkova et al. (2020). Phytochemical composition and antioxidant activity of Malus baccata (L.) Borkh. Fruits. Food Science and Applied Biotechnology 3, 1, 47-55.

5 – H. Rong et al. (2022). Pedigree reconstruction and genetic analysis of major ornamental characters of ornamental crabapple (Malus spp.) based on paternity analysis. Scientific Reports 12, 14093, https://doi.org/10.1038/s41598-022-18352-z

One Reply to “”

  1. Sylvie Salaun Carantec

    Merci pour vos chroniques, c’est toujours un plaisir de vous lire et d observer vos photos.

    agréable fin d’année

    cordialement Sylvie

    Envoyé de mon iPad

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